samedi 3 mars 2012

A la recherche de ma sexualité...

   Le sexe. Voilà la matière de mes entretiens avec Nina, ma psychothérapeute, ces dernières semaines. Le sexe, ma sexualité et mon asexualité qui dure depuis très longtemps. Mon amour pour Balthazar est riche et profond, mais c'est un amour platonique. Du désir je n'en ai plus depuis quelques années et je me rends compte que mon désir d'avant, ma rencontre avec d'autres hommes n'était pas motivée par un désir sexuel mais par de la curiosité, du défi, de la soumission, de la vengeance ou de la perversité... Bref, il est temps de s'attaquer au coeur du problème...

   Selon Nina, le sexe est un "jeu" entre adultes consentants, c'est la façon de jouer des adultes. Je venais de lui raconter un souvenir de la petite Rose. 
   Il y a très longtemps, une petite fille accompagne sa grand-mère à un thé chez des amies à elle. La petite Rose est extrêmement timide et n'ose pas regarder les adultes en face. Elle murmure un bonjour et espère qu'on la laissera seule explorer la maison ou le jardin pendant que les adultes parlent entre eux. Eh bien non. La petite Rose se retrouve assise à la même table que ces vieilles dames pomponnées qui la mange du regard. On la questionne, elle ne desserre pas les lèvres, petits poings contractés sur les genoux. On rigole, on la sermonne avec condescendance, il ne faut pas être timide comme ça voyons. La petite Rose se sent de plus en plus mal car elle aimerait faire plaisir à sa grand-mère mais c'est pire, elle a honte d'infliger cette déception à sa grand-mère qu'elle aime, qui est douce et gentille avec elle. On lui sert un verre de quelque chose, elle n'ose pas y toucher, elle veut juste qu'on l'oublie, elle veut disparaître. 
   Au bout d'un moment, la dame-hôtesse, veut lui faire plaisir et ramène un carton plein de Barbie et de vêtements de poupées qui appartenaient à sa fille, elle vide le carton devant elle. Rose murmure un merci. Le supplice est à son apogée pour Rose qui, la bouche sèche, fixe les nervures du bois de la table. Les dames sont mal à l'aise, sa grand-mère aussi. Son regard dévie d'un millimètre, ces poupées sont fabuleuses, elle rêverait en secret de jouer avec mais elle n'y touchera pas. Elle attend, la boule au ventre, les mâchoires serrées, ce supplice finira bien par s'arrêter. 

Image volée d'un blog sans autorisation, pardon, mais elle convient tellement...
   Pour Nina, peut-être que je ne m'autorise pas à jouer maintenant au sexe de la même manière que je me suis interdit de jouer avec ces poupées. 
    Je ne sais pas si cela suffit à tout expliquer mais ça a du sens, le sexe n'est pas la seule chose agréable que je m'interdit de faire, de dire ou de penser. J'ai plutôt souvent eu du mal à me faire plaisir sans culpabiliser, sans me dire que je ne le méritais pas, sans me faire du mal après comme s'il y avait un prix à payer. Enfin, en ce moment je travaille à une meilleure estime de moi, et selon Nina en continuant sur cette voie, en laissant Balthazar rentrer dans mon intimité, le rapprochement se fera au fur et à mesure. 
   On verra bien ce que ça donne. Je pense juste que ça sera un peu plus compliqué que ça. Jeudi, j'ai réussi à formuler une grosse peur que j'ai par rapport au sexe. L'image de dureté, de violence que mon père m'a donné dans mon enfance des relations que je pouvais avoir avec un homme, peur, douleur, sadisme, soumission... J'ai atrocement peur d'avoir une sexualité déviante, anormale... L'avoir formulé m'a fait du bien, je n'en ai pas parlé à Balthazar car j'ai honte... C'est troublant aussi de l'écrire noir sur blanc sur un blog, vive l'anonymat!

   R.
   

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