Dur dur, le réveil ce matin... Gueule de bois au figuré. Ouuuh! la vilaine petite fille ingrate qui pense et ose dire du mal de ses parents à tout le monde! Difficile de se défaire des mauvaises habitudes et de ce fichu commandement: "Tu honoreras ton père et ta mère". Pourtant je n'ai pas eu d'éducation religieuse ou si peu... L'obligation d'apprendre le Notre Père en allemand, ça compte?
Ce matin la culpabilité est présente même si ma tête sait que ce que je ressens est justifié.
Hier matin, j'ai parlé du secret honteux à Cham, un de mes deux petits frères, le plus jeune. Il n'a pas été surpris et a pris depuis longtemps ses distances d'avec mes parents. Pour lui aussi, les souvenirs de violence sont vivaces.
Il était le plus rebelle de nous 4, le petit Cham osait toujours répondre aux cris, aux insultes et parfois aux coups. C'était vraiment déstabilisant pour les spectateurs de ces scènes (nous) parce que l'intensité de la violence ne cessait de grimper. La petite Rose, les poings serrés, hurlait en silence dans sa tête "Non, chut, petit Cham ne dit rien, chut mais tais-toi donc, plie-toi, ça s'arrêtera plus vite...", une fois il me semble avoir gémi un petit "non" ou un "tais-toi" malgré moi, mais quelle importance?
Un dimanche, mon père a piqué une crise de rage parce que Cham (13 ou 14 ans à l'époque) dormait encore à midi. C'était un jour où il avait décrété que tout le monde allait participer au jardin. Il est donc allé sortir mon frère de son lit en hurlant... et Cham a résisté, hurlé en retour, répondu à chaque insulte et quand mon père a essayé de le frapper, Cham s'est emparé d'une fourche. Drôle de scène... Mon père était impressionné, presque choqué, ça se voyait, par un tel geste de rébellion. Qu'il ose ne pas se laisser faire! Ma mère hurlait en fond sonore mais personne ne l'écoutait. Cham disait: "Allez, viens maintenant, connard, c'est qui le plus fort?" ce qui faisait hurler de rage mon père, sans la fourche, il l'aurait massacré.
Finalement, un témoin les a séparé, Cham est retourné dormir, nous au jardin. Le drame familial n'avait finalement pas eu lieu.
Le petit Cham malgré sa résistance à l'écrasement paternel a été un enfant très solitaire, plutôt renfermé. Je l'ai vu se frapper lui-même en cas de frustration vers 8-9 ans et se brûler volontairement le bras avec sa cigarette bien plus tard, lors d'une soirée bien arrosée. Mais je reviendrais une autre fois sur toutes ces souffrances physiques qu'on peut s'infliger à soi-même.
D'avoir parlé à Cham m'a délivré un peu plus de ce passé trouble mais malgré ça je ne peux pas m'empêcher d'entendre la petite voix de mes parents dans ma tête: " Oui c'est elle qui nous a séparé de nos enfants, elle leur a mis des idées dans la tête, je ne comprend pas, on s'est toujours bien entendu etc etc...".
Oui le chemin de mon intégrité est encore long, se débarrasser de cette fichue culpabilité...
Bon dimanche à tous,
R.
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