lundi 9 avril 2012

Déprime-Analyse-Réparation

   Voici mon mantra... 
   Dimanche soir, après un après-midi passé en compagnie de couples d'amis et de leurs chères têtes blondes, j'ai ressenti une grosse baisse de moral. Retour encore une fois des pensées morbides en boucle fermée dans ma tête, submergée, terrassée par une vague de merde qui déborde de l'intérieur. Discours intérieur bien rôdé car je le connais par coeur...

   Tu es inapte à la vie ma pauvre, rends-toi à l'évidence. La vie de famille, les enfants, ce n'est pas pour toi. Le mal est à l'intérieur de toi, il vaut mieux arrêter toute relation avec Balthazar, lui il est prêt et toi tu ne pourras jamais être une mère. Heureusement que tu n'as pas d'enfants, les pauvres... Je suis incapable de vivre sans cannabis, c'est trop dur, je suis coincée, je dois tout recommencer, j'en ai pour des années de thérapie... Ma vie est plate, rien n'a de saveur, ça va être long toute une vie avec cette douleur, ce vide à l'intérieur, il vaut mieux POUR TOUT LE MONDE en finir... Comment elle s'appelait déjà cette petite capsule d'euthanasiant pour chien? Faut pas se rater, sinon ça sera pire après... Et Balthazar??? Culpabilité...

   Et Balthazar, justement, m'a tendu la main hier soir. Il a senti mon mal-être, mon empiffrage frénétique de bouffe comme une grosse truie au repas avait dû lui mettre la puce à l'oreille. Je l'ai d'abord repoussé. Comment accepter un geste de tendresse, de compassion envers soi-même lorsqu'on se sent comme le pire rebut de l'humanité? Il ne s'est pas laissé repousser bien loin. "Analyse! Qu'est-ce qui a provoqué cet état?"

Drowning Girl by Roy Lichtenstein (1963)

   J'ai vidé mon sac, en larmes. 
   
   On pourrait partir ensemble, hein? Tout recommencer à zéro. On dit rien à personne, on disparaît, on recommence à J+1 dans un autre pays. Je nous vois, heureux et bronzés, avec nos enfants sur une plage - pensée tellement magique je le sais bien, c'est ce que mes parents ont fait, s'enfuir au soleil et ça n'a rien arrangé...

   Ça va mieux, je me mouche et j'analyse ma journée...

   La discussion Skype avec mon médecin de père qui datait du matin même (Je sais pourtant bien que je ne trouverais JAMAIS de réconfort de leur part...). A la base je voulais juste un conseil pour mon problème de dos, finalement il m'a déclaré: "J'ai eu mon premier lumbago à 24 ans ma fille, tu te feras opérer comme moi et ça ira mieux, les chiros sont tous des charlatans." Une belle promesse d'hérédité dont je préfère me passer en ce moment... J'avais ironisé ce discours, mais le cynisme cache parfois la blessure, oui cette fatalité dans sa voix m'a fait mal, ce détachement complet de la dimension émotionnelle et psychologique m'a (encore une fois) heurté de plein fouet.

   Deuxième point noir de ma journée, certains comportements de mes amis envers leurs enfants me choquent terriblement. Il faut dire que depuis quelques mois, je suis très sensible aux réactions des adultes envers les enfants. Pour moi, refuser de s'occuper de ses enfants sous prétexte que c'est au tour de l'autre de le faire, et ce, devant l'enfant en question c'est violent, ça veut dire: "Tu nous fait chier, tes besoins ne sont pas importants pour nous."
   Débouler comme un fou dans la chambre où les enfants sont obligés de faire la sieste pour leur hurler dessus alors qu'ils sont en train de rigoler, c'est de l'éducation par la terreur. 
   Humilier un enfant sous prétexte de faire une blague ou de rigoler c'est de l'abus car l'enfant n'a pas les moyens de comprendre l'humour à ses dépends et encore moins de se défendre, il dépend totalement de ses parents.
   Ce qui m'a dégoûté le plus dans tout ça, c'est le consensus. Tout le monde trouvait ça complètement normal d'en rire, de plaindre les parents. Et on en rajoute une couche devant les enfants en question... Ah la la! Les enfants, c'est vraiment la fin de la tranquillité, profitez-en bien, après c'est fini... 
   Sérieusement, man, fallait réfléchir avant de les faire tes gamins, eux ils t'ont rien demandé et ils sont là! Alors tes blagues de merde garde-les pour toi!

   Oui ça m'a vraiment fâché! De l'exprimer à Balthazar nous a rapproché, ma confiance en moi, ma foi en l'avenir est progressivement revenue. Impression de sortir la tête de l'eau, de pouvoir envisager un avenir, de pouvoir avoir foi en moi. Merci mon beau Balthazar de m'avoir tendu cette main, de m'avoir écoutée et consolée. 
   R.

  

   


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